Le Droit à la Paresse
Un nouveau livre lu et sélectionné par mes soins dans le cadre de Masse Critique. J'ai choisi Le Droit à la Paresse afin d'assouvir ma curiosité sur la question sociologique que sont le travail et les loisirs. En effet, lors de mes cours de socio du premier semestre, le prof nous a fait un éloge dessus. Alors voici ma critique, si on peut l'appeler comme tel.
Quatrième de Couverture :
Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis des siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l'amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu'à l'épuisement des forces vitales de l'individu et de sa progéniture. Au lieu de réagir contre cette abération mentale, les prêtres, les économistes, les moralistes, ont sacro-sanctifié le travail. Hommes aveugles et bornés, ils ont voulu être plus sages que leur Dieu ; hommes faibles et méprisables, ils ont voulu réhabiliter ce que leur Dieu avait maudit. Moi, qui ne professe d'être chrétien, économe et moral, j'en appelle de leur jugement à celui de leur Dieu ; des prédications de leur morale religieuse, économique, libre penseuse, aux épouvantables conséquences du travail dans la société capitaliste.
Paul Lafargue
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Mon avis :
Le Droit à la paresse est un ouvrage de Paul Lafargue, paru en 1880. C’est un texte, qui reste d'actualité aujourd’hui puisque les idées exposées se retrouvent dans le débat politique actuel. Il est doublement intéressant : très riche historiquement, il propose un traité social, économique et intellectuel, et analyse les structures mentales collectives du XIXe siècle. Mais c'est avant tout un véritable manifeste social qui centre son propos sur la valeur du travail et l'idée que les hommes s'en font. Ce petit écrit démystifie la valeur travail. Bien avant l'apparition des congés payés ou la réduction de la durée de travail à 40 ou aujourd'hui 35 heures par semaine, il nous proposait de beaucoup moins travailler dans une optique marxiste peu dogmatique.
« Pour qu’il parvienne à la conscience de sa force, il faut que le prolétariat foule aux pieds les préjugés de la morale chrétienne, économique, libre penseuse ; il faut qu’il retourne à ses instincts naturels, qu’il proclame les Droits de la Paresse, mille et mille fois plus sacrés que les phtisiques Droits de l’Homme concoctés par les avocats métaphysiques de la révolution bourgeoise ; qu’il se contraigne à ne travailler que trois heures par jour, à fainéanter et bombancer le reste de la journée et de la nuit. »
Paul Lafargue nous fournit ici un plaidoyer pour que cesse le dogme du travail. Ecrit sur un ton révolté, on a envie d'y croire. L'œuvre a également une résonnance bien actuelle sur notre société, où le travail est toujours « sacralisé », porté comme une valeur universelle, alors que l'humain a toujours eu envie de flemmarder…
Ma note : 3,5/5