Les noces barbares
Roman écrit par Yann Queffélec
Quatrième de couverture :
Fruit d'une alliance barbare et d'un grand amour déçu, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère - Nicole - et ses grands parents, vit ses premières années caché dans un grenier.
La situation ne s'arrange guère après le mariage morose de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l'alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institutions pour débiles légers. Mais Ludovic est loin d'être le crétin qu'on suppose. Il ne cesse de rêver à sa mère qu'il adore autant qu'il la redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l'en détourner. Son seul but, son unique but : la retrouver.
S'enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge la côte bordelaise, à bord d'une épave échouée, écrit des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c'est là que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante et magnifique de re-connaissance mutuelle.
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Mon avis :
Un roman datant de 1985 accompagné d'un prix Goncourt, reste un roman de grande envergure.
Ludo est né d'un viol collectif. Maltraité et haï par sa mère trop jeune et trop blessée, il a grandi caché dans le grenier de ses grands-parents. Sa situation ne s'arrange guère après le mariage de sa mère, Nicole, avec Micho, un brave mécanicien qui cherche pourtant à protéger Ludo. Mais Nicole, hantée par son viol que l'existence même de son fils lui rappelle en permanence, sombre dans l'alcoolisme et réussit à faire enfermer Ludo dans une institution pour débiles légers. Là le garçon continue à rêver de sa mère qui ne répond pas à ses lettres et qui refuse de lui rendre visite. Jusqu'au jour ou Ludo s'enfuit pour la retrouver dans une confrontation finale certes inéluctable mais déstabilisante.
Ce roman est un chant d’amour - celui de Ludo pour sa mère dont il quémande désespérément un peu d'attention à défaut d'amour - dans ce qu’il a de plus violent, de plus abject, de plus sournois et pourtant c’est une quête magnifique. Une quête de tendresse et de reconnaissance de la part d’un fils perdu dans un abîme d’indifférence et de cruauté. Abîme creusé par sa propre mère et décrit d’une façon magistrale par un écrivain hors pair. Ce roman est une perle rare, d’une beauté sauvage et cruelle, qu’il faut lire et relire. Certes, vous n’en sortirez pas indemne, mais grandi, abasourdi, et malgré tout heureux.
Très rares sont les romans aussi bouleversants, aussi violents, et aussi vivants.
Ma note : 4/5
Lu pour le challenge ABC 2008.