Le corps exquis
Roman écrit par Poppy Z. Brite
Quatrième de couverture :
Perversion des âmes et poésie du macabre au service d'une des fictions les plus noires jamais publiées sur les sérial killers : sans concession, choquante, répulsive. Un roman fascinant et extrémiste. Un livre violent dont aucun lecteur ne sortira indemne.
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Mon avis :
Tout d'abord, nous avons un anglais seul, Andrew Campton… Et qui, pour combler cette solitude, racole dans Londres à la recherche de jeunes junkies qui accepteront de passer la nuit avec lui contre un peu d'argent, de drogue et/ou d'alcool. Pour les garder près de lui il les tue et les cajole. Après vingt-trois meurtres il se fait arrêter et est condamné à perpétuité. C'est en prison qu'il apprend sa séropositivité, cela ne le surprend guère.
De l'autre coté de l'Atlantique, Jay Byrne est lui aussi attiré par les jeunes hommes. Il les aime mais surtout cuit à point... Il choisit également ses mets parmi les plus paumés qui traînent dans le Carré (Nouvelle Orléan), quartier à forte tendance homosexuelle où les mœurs sont très libres. Il dépèce ses victimes, garde les meilleurs morceaux, les prépare et les déguste.
Ces deux hommes n'auraient jamais dû se rencontrer et pourtant l'impossible va se réaliser et ils vont s'aimer car ils sont pareils. Ils vont découvrir la vie à deux, le partage, l'amour et la confiance en l'autre. Ensemble ils vont continuer à tuer et à assouvir leur faim de chair fraîche.
En parallèle il y a Tran, qui aime Luke. Luke aussi l'aime. Mais Luke a le SIDA, et dans sa folie, voulait aussi partager sa maladie avec l'homme qu'il aime. Mais Tran est jeune, à peine 20 ans et il veut « vivre »…
Cette histoire est directement inspirée de celle de Jeffrey Dahmer, le cannibale de Milwaukee, arrêté en juillet 1991 et condamné pour meurtre et cannibalisme. Ce que désirait Dahmer était : ne pas être seul. C'est ainsi qu'il tenta de se fabriquer des esclaves sexuels en trépanant des jeunes homosexuels. Une grande partie de la personnalité de Dahmer est reflétée chez Compton et Byrne dans Le corps exquis, bien que ce livre ne soit pas une étude de la psychologie d'un tueur en série.
Ce roman peut paraître choquant, repoussant mais c'est avant tout un roman d'amour et un cri contre le silence face à l'épidémie du SIDA, un cri aussi contre la solitude et ce qu'elle peut engendrer pour la combler. C’est un cri pour ouvrir les yeux des biens pensants face au SIDA, un cri pour dire que les homosexuels ne sont pas forcement des pervers mais qu'ils ressentent aussi de l'amour. On ne ressort pas indemne de ce roman : face à certaines scènes où l'anatomie la plus intime est révélée, face à l'anthropophagie. Poppy Z. Brite est violente mais nous montre ce qu'est la vie de la fin du XXème siècle.
Je dois vous prévenir que ce livre est réservé exclusivement à un lectorat très averti…
Ma note : 3,5/5